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À mes ancêtres oubliés

DÉCLARATION N°11 : À mes ancêtres oubliés, à mes racines perdues-retrouvées

Paris, 16 janvier 2017

Depuis le centre de la petite famille-noyau-nucléaire dans laquelle j'ai grandi, je déclare mon amour à tous ceux qui transmettent, à tous ceux qui partagent, en conscience, leurs expériences et connaissances, et me permettent de remettre progressivement en terre, brindilles par brindilles, mes racines étiolées.

Assaillie de partout, et de tous types d'informations, je vois tant de liens ancestraux aujourd'hui rompus : entre générations, entre voisins, entre membres d'une même communauté... En élargissant nos territoires, nos déplacements, nos possibilités de communication et nos cercles d'amis, nous avons étiré les mailles du filet qui nous relie à nos semblables jusqu'à un point de non-retour : tension ultime et déchirement des liens, ou élongation des fibres qui pèsent alors par leur mollesse sur nos vies. Je suis née dans ce monde surchargé de connexions, de fils, de cables, mais je ne sais plus qui tire quoi, et d'où, comment se forment les noeuds et comment les défaire.

Alors je démêle - patiemment ou frénétiquement - je cherche, je fouille. Où se cache le sens de ma vie? Qu'est-ce qu'une famille? Quelles sont les limites de mon corps? Qu'est-ce qu'une communauté harmonieuse? Comment fonctionnent les cycles de la nature?

Je trouve des guides, je m'invente des ancêtres d'adoption, j'avance le nez contre le sol pour retrouver mes racines : celles d'une culture à laquelle je me sentirai appartenir. Je cherche ce que veux dire, profondément, être vivant et faire partie de l'humanité.

Je plonge dans des récits des quatre coins du monde, je lis des ouvrages scientifiques sur le cerveau, je m'initie à toutes sortes de pratiques corporelles et de croyances spirituelles. J'apprends à écouter, à m'écouter. Je découvre mes propres rythmes et cycles naturels.

Et ce monde jonché de trous, d'arbres déracinés, de liens rompus puis piétinés, je l'aime aussi et je le remercie. Car dans sa folie destructrice il a également créé les conditions de sa remise en cause, rendant aujourd'hui possible le tissage nouveau d'un sens de l'humanité dépassant les frontières culturelles anciennes. Alors je remercie internet ainsi que tous les moyens de communication et de déplacements actuels qui, en me rapprochant à nouveau de cultures multiples - et tellement éloignées de moi dans l'espace et le temps - me permettent de renouer avec mes racines d'être humain, ou de les reconstruire.

Et je remercie tous ceux qui fouillent dans les trésors de nos mémoires, de nos mythes, sous la terre, pour faire resurgir peu à peu le sens profond de cette humanité en paroles, en musiques, en présences, en écrits, en images...

Amour éternel à vous, et aux ancêtres oubliés dont vous honorez la mémoire en intention ou en imagination!

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